VI.
Je relis les pages précédentes. Je réfléchis, puis la raison revient. J'arrache. Je déchire, en un nombre X de petits morceaux, les confettis se dispersent. Je ne réfléchis pas. Je ne dois surtout pas réfléchir, j'irais comme bon me semblera, le naturel est la seule chose qui ne trompe pas. < Le désir est une connerie > Je met les cents petits bouts de papiers dans le cendrier, et y dépose une allumette. J'y avais passé du temps, mais tout cela était inutile. Tout brûle, fume, et disparait .. Merde, on est vendredi soir, j'ai tellement voulu jouer la carte du " naturel, je ne prépare rien " que là, je risque de paniquer. Respire Charlie, respire. On sonne à la porte, maman m'appelle, j'avais oublié que j'avais commandé un plateau de sushi, je suis bien heureuse qu'ils arrivent, mon ventre commence son " Graou " quotidien. Le temps passe, il est tard, je m'endors
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Ca c'est moi pendant mon sommeil. Il est 14h, les rayons du soleil percent mes rideaux, pour finir leur course sur ma joue, me proposant une chaleur intense. Je me lève, doucement, sans faire de bruit comme on réveille la pluie, Camille chante, me dit qu'elle veut prendre ma douleur et moi je lui répond que je lui offre avec le plus grand des soulagements. La nuit porte conseil, la première image que j'ai à mon réveil, c'est ma tenu de ce soir. Je m'extirpe de ce cocon, et file dans la salle de bain. Je m'y enferme. J'en sortirai à 17 heures. Je m'habille avec le plus grand soin. Un jean slim clair, une blouse sans manche blanche, une veste en sequins noir, mes spartiates à talons noires. Je fais glisser le contenu de mon sac dans le matelassé Chanel. Je me pose, fait mes ongles. Ils seront noirs eux aussi. Je pose en arrière de ma tête le chapeau melon. Et je fuis. Je claque la porte et fait chemin arrière après mûre réfléxion " Je vais à une soirée, ne m'attend pas, je dors là bas. J'ai mon portable. " Maman, me conseille de ne pas trop boire, ni de trop fumer, mais elle sait que ces paroles sont sans impact. Je repasse la porte. Et refais mes pas dans l'autre sens, rapidement, j'ai oublié mon sac. Je sors, cours dans l'allée, puis dans la rue, m'assied sur un banc quelques minutes pour reprendre mon souffle, entre une sexagénaire et un môme de douze ans à peine, tenant un portable à l'oreille et exprimant sa colère avec des " va t'faire, nique ta mère '. Je me remet en marche. A destination, je saute dans le métro. Je vois les noms des stations défiler et j'observe les gens avec concentration. Arrêt Saint Paul. Je lutte pour sortir, mais y parvient. Tom. TOM est sur les sièges du métro.Il est là. Peut-être que ça n'est pas moi qu'il attend mais il est là. Slimé, mêché, vesté-cuiré. Il est là, il est beau. Je fais mine de ne pas le voir, et entame la montée de l'escalier direction Rue des Rosiers. Je n'ai pas oublié de m'isoler, casque sur les oreilles. On attrape violemment mon bras droit, je me retourne surprise et effrayée. Je répond par la négative à la question évidente que l'on vient de me poser " Bah alors ? Tu m'évites ? " Il était là, il était beau, et c'est moi qu'il attendait.